
Microbiote et pathologies, quelles influences ?
Être en bonne santé dépend de multiples facteurs. Il y a nos prédispositions génétiques mais aussi notre environnement comme nos habitudes de vie ou nos habitudes alimentaires qui permettent de moduler notre santé. Nous avons découvert que ces habitudes peuvent influencer l’expression ou la non expression de certains gènes, c’est l’ère de l’épigénétique. Un autre grand acteur de notre santé est notre MICROBIOTE intestinal. Mais jusqu’à quel point nos bactéries peuvent-elles influencer notre état de santé ?
Le microbiote intestinal
Notre microbiote, ou flore intestinale, est composé de microorganismes qui sont à 95% des bactéries. On en dénombre 1014, soit 1000 fois plus que le nombre de nos cellules. Si nous étendions toutes les bactéries de nos intestins au sol, la superficie serait l’équivalente à un terrain de handball. Nous hébergeons environ 600 espèces différentes dont 1/3 sont communes à tous mais 2/3 sont propres à nous même. La diversité de la composition de notre microbiote est influencée par différents facteurs comme l’âge, le régime alimentaire, les facteurs génétiques et géographiques etc. L’intestin est composé de 200 millions de neurones, l’équivalent du cerveau d’un chat, c’est pourquoi il est surnommé notre « second cerveau ».
Les différentes fonctions du microbiote :
- Assimilation et absorption des nutriments.
- Fermentation.
- Protection par effet barrière (s’oppose à la colonisation de microorganismes pathogènes dans l’intestin).
- Développement de réponses immunitaires.
- Synthèse de vitamines.

Microbiote et dysbiose
Le régime alimentaire peut moduler la composition et la fonction du microbiote intestinal grâce à sa capacité à produire des métabolites (composés issus du métabolisme). Par exemple, les fibres alimentaires non digérées, vont être fermentées par les bactéries du microbiote. Lors de cette fermentation il y production d’acides gras à chaîne courte comme l’acétate, le propionate et surtout le butyrate. Ce sont des métabolites qui ont des effets santé variés.
Lorsque l’équilibre de la composition du microbiote est rompu on parle alors de dysbiose. Cette dysbiose peut survenir après un état de stress, une prise d’antibiotiques, une mauvaise alimentation, une activité physique trop intense, une infection ou encore par l’exposition aux polluants et pesticides etc. Elle peut entrainer alors plusieurs pathologies comme des allergies, des troubles du transit, du diabète, de l’obésité, des colopathies fonctionnelles et des MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin).
Microbiote et pathologies
Les maladies mentales
Certaines maladies mentales telles que l’autisme, les troubles bipolaires, la schizophrénie et les troubles dépressifs sont des maladies aux étiologies complexes. Ce n’est pas l’altération d’un gène qui peut causer ces maladies mais plutôt une interaction de différents gènes. L’activation (ou l’inactivation) de ces gènes, causée par notre environnement, joue un rôle crucial dans l’apparition de ces maladies.
De nombreux gènes responsables des fonctions immunitaires et de l’inflammation sont affectés par les maladies mentales. Par exemple, une étude chez patients atteints de trouble bipolaire a montré une élévation des cytokines pro-inflammatoires (un médiateur de l’inflammation) à la fois dans la phase maniaque et dans la phase dépressive par rapport aux sujets sains. Une augmentation significative de l’expression de cytokines pro-inflammatoires a également été mise en évidence chez des patients dépressifs ayant tenté de se suicider, pour voir l’étude.
Le diabète de type 2
Chez les patients atteints de syndrome métabolique (diabète de type 2 et obésité) la composition du microbiote est altérée. Cela peut conduire à un état inflammatoire. Cette inflammation est liée à l’augmentation de la perméabilité de la membrane intestinale qui laisse passer plus de métabolites bactériens. Ces composants peuvent à leur tour altérer des molécules de l’immunité. Une étude sur des rongeurs, démontre le rôle du microbiote dans la régulation du stockage de l’énergie. Des souris germ free, c’est-à-dire sans microbiote, ont 60% de masse grasse corporelle de plus qu’une souris témoins.
Exemple d’un cancer
Le cancer colorectal est très répandu. Son incidence augmente dans les pays qui viennent de changer de régime alimentaire, passant d’un régime traditionnel à un régime plus occidentalisé. Le développement de tumeur n’est pas seulement le fait de mutations génétiques mais aussi d’une altération des mécanismes épigénétiques.
D’après une étude de 2017, il a été souligné que 5% des cancers colorectaux ont pour cause une mutation génétique et que 90% de ces cancers ont une cause épigénétique.
Une augmentation de consommation des fibres réduit le risque de développer un cancer colorectal car elles accélèrent le transit et du coup réduit le temps de contact entre des aliments potentiellement cancérigènes avec la flore intestinale.



Nouvelles pistes thérapeutiques
Outre via notre patrimoine génétique, notre santé dépend aussi de notre environnement. Ces facteurs environnementaux peuvent être : le régime alimentaire, les infections mais surtout le microbiote intestinal. Ils jouent un rôle important notamment par la synthèse de vitamines, l’absorption de nutriments, la régulation du système immunitaire.
Pour restaurer la flore intestinale et ainsi améliorer certaines pathologies, on peut proposer l’utilisation de pré et probiotiques. « Pro biotique » le nom signifie « pour la vie ». Ce sont des bactéries vivantes qui aident à restaurer l’homéostasie du microbiote et ont un bénéfice santé. Les prébiotiques quant à eux sont des fibres non digestibles (que l’on trouve notamment dans les fruits et les légumes) qui vont alimenter les bactéries de notre microbiote. Les probiotiques de par leur effet antimicrobien, d’intégrité de la barrière intestinale et de la modulation immunitaire peuvent être un complément de thérapie pour certaines pathologies.
Une technique plus radicale mais très efficace pour lutter contre des troubles digestives existe : il s’agit de la transplantation fécale. C’est le transfert d’un microbiote d’un individu sain à un individu malade. Cela permet de restaurer la flore du patient et de supprimer certaines causes et symptômes de maladies liées à une dysbiose.
D’autres cibles sont examinées pour développer des nouvelles thérapeutiques. Une bactérie en particulier, Akkermansia Muciniphila, pourrait servir pour de nouveaux traitements contre l’obésité grâce à ses fonctions sur la perméabilité intestinale et sur le stockage des graisses.
J’espère que cet article un peu plus orienté « santé » vous a plu, si oui n’hésitez pas à me le dire :).