La viande cellulaire, va-t-elle révolutionner nos habitudes ?

La viande cellulaire, va-t-elle révolutionner nos habitudes ?

La viande cellulaire, vous en avez déjà entendu parler ? Cette viande née en laboratoire fait de plus en plus parler d’elle. Il y a d’un côté les adeptes qui voient en elle une alternative à la fois écologique et à la fois qui permettrait de nourrir le monde entier et d’un autre côté ceux qui ne le voient pas du même œil et qui ne trouvent pas que la viande cellulaire soit si écologique que ça. Mais qu’en est-il vraiment ? Nous faisons le point !

Qu’est-ce que la viande cellulaire ?

Cette « viande » est appelée cellulaire, in vitro, artificielle et même « clean meat » (viande propre) car elle est produite par multiplication de fibres musculaires en laboratoire. Le principe est de prélever des cellules souches d’un animal pour ensuite les cultiver en laboratoire. Aucun animal n’est tué ainsi. Ces cellules souches sont cultivées dans des enceintes stériles, des bioréacteurs, avec des éléments nutritifs et des facteurs de croissances.

Mais peut-on ainsi dire que cela équivaut à la viande issue des animaux ? La réponse est non. En effet, la viande n’est pas juste un amas de cellules musculaires mais bien un matrice complexe composée de différentes populations cellulaires (de fibres musculaires, d’adipocytes). De même la diversité des morceaux de viande, des races, des conditions de vie de l’animal sont des facteurs indissociables du goût de la viande, qui ici ne sont pas présents dans la viande cellulaire.

laboratoire viande cellulaire
Image par Michal Jarmoluk de Pixabay

La vente de viande cellulaire à Singapour

De plus en plus de startups dans le monde travaillent sur ce projet de viande cellulaire ; mais son coût élevé reste un frein important pour son développement.

Néanmoins, la première vente de viande cellulaire a bien eu lieu en décembre 2020 ! Elle prend la forme de nuggets de poulets issus de cellules souches et d’hormones de croissance dans un restaurant de Singapour. Singapour est ainsi le premier état à autoriser la vente commerciale de viande cellulaire.  Une première mondiale qui marque peut-être un changement sociétal ?

Avantages et inconvénients ?

Les startups qui produisent ce produit vantent les mérites environnementaux de la viande de laboratoire comme : réduire les GES (gaz à effet de serre), réduire les dépenses en eau et en énergie, plus besoin d’abattre des animaux, rendre des terres cultivables libres, limitation des zoonoses… Mais quand est-il vraiment ?

 Une première étude sur le sujet a été publiée en 2011. Elle était largement favorable à la viande cellulaire. En effet, elle permettrait une nette réduction de gaz à effet de serre et d’utilisation d’eau d’environ 80 % en moins. Néanmoins cette étude a été remplacée par d’autres études plus récentes et plus complètes qui prennent en compte non seulement les émissions de gaz à effet de serre mais aussi le coût énergétique des structures servant à créer la viande in vitro. A cause notamment des milieux de culture qui doivent être stériles et à de la demande en énergie de chauffage des incubateurs. Ainsi sur le long terme ces études suggèrent un impact environnemental supérieur que celui de l’élevage. D’autant plus que l’élevage de bétail permet de maintenir les prairies dans le paysage français et de séquestrer du carbone dans nos sols. Cela permet aussi le recyclage de déchets végétaux et la production d’engrais.

Pour plus d’informations sur les avantages/inconvénients de la viande in vitro vous pouvez retrouver ici une interview de Jean-François Hocquette, physiologiste et spécialiste des produits animaux par l’INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

Les Français pas vraiment amoureux de la viande cellulaire

Le ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie, en réaction à l’autorisation de vente de viande artificielle à Singapour, s’est positionné contre la viande cellulaire :  « Est-ce vraiment cela, la société que nous voulons pour nos enfants ? Je le dis clairement : la viande vient du vivant, pas des laboratoires. Comptez sur moi pour qu’en France, la viande reste naturelle et jamais artificielle ! », a-t-il dit à travers son compte Twitter fin 2020.

La majorité des Français n’est pas prête à troquer notre modèle d’élevage contre de la viande cellulaire issue de bioréacteurs.

En conclusion

Cette alternative est encore toute récente et très peu d’études scientifiques y sont consacrées.  Nous avons encore peu de recul face à cette nouveauté de la viande cellulaire. D’autres facteurs seront surement pris en compte dans les années qui suivent donnant alors un nouvel éclairage.

Mais entre intensification des élevages et viande de laboratoire, nous pouvons nous demander pourquoi ne pas retourner vers une agriculture et une consommation plus raisonnées ?

Pour découvrir les avantages de manger local c’est par ici !

Etudes citées :

Environmental impacts of cultured meat production, Hanna L. Tuomisto & M. Joost Teixeira de Matters (2011)

Anticipatory lifecycle analysis of in vitro biomass cultivation for cultured meat production in the United States Mattick C. S. et al (2015)

Climate impacts of cultured meat and beef cattle. Frontiers in sustainable food systems Lynch J., PierreHumbert R. (2019)

12 réflexions sur « La viande cellulaire, va-t-elle révolutionner nos habitudes ? »

  1. Notre corps a besoin d’aliments qui soient au plus près de la nature, je ne suis donc pas convaincu que de la viande réalisée en laboratoire soit une bonne solution pour l’Homme. La solution serait peut-être déjà de baisser notre consommation de viande, non ? A-t-on réellement besoin d’en manger à chaque repas ? Et en grande quantité ?

  2. Bonjour!

    Je pense que remplacer la consommation de viande par de la viande « artificielle » c’est déplacer le problème. Le vrai problème aujourd’hui, c’est la consommation de masse et non nécessaire de produits d’origine animale. On peut manger de la viande mais c’est notre société de consommation qui fait défaut…

  3. Article très intéressant ! Pour ma part, je fais partie de ceux qui pensent que la viande cellulaire est l’une des solutions permettant de pallier les futurs besoins alimentaires tout en réduisant les gaz à effet de serre dû à l’élevage herbivore. Merci !

  4. Merci beaucoup pour ton article très instructif. Effectivement diminuer notre consommation est selon moi le meilleur des compromis pour limiter les effets indésirables sur notre belle planète 🙂 . Très bonne journée !

  5. Camille - Omni' to Vegan dit :

    Merci pour ton article ! Etant végane, je suis plutôt favorable à la viande de synthèse ! Mais bien sûr, en attendant, il existe déjà des alternatives bluffantes comme les steaks Beyond Meat ou des Nouveaux Fermiers ! 100 % végétal et approuvé ! 😉 Hâte de voir l’évolution pour la suite !

  6. Je reconnais le progrès et l’avancée scientifique … néanmoins reste dubitatif et méfiant sur les réels enjeux des industriels … La terre suffit à nous nourrir pour autant de rationaliser nos modes de production et de consommation.

  7. Nadia Drissi dit :

    Hello, bon sang que tout va trop vite à mon gout . Je ne suis pas végétarienne, mais je suis très sensible à la qualité de ce que je mange. Merci pour ces précieuses informations.

  8. jaguarmustardcalypso43859 dit :

    Bonjour, merci pour cet article qui me parle bien, étant dans une démarche zéro déchet. Pour ma part, je serais plutôt favorable à moins manger de viande, mais de meilleure qualité, que de dépenser de l’énergie à en fabriquer de synthèse. À ce jour, on a aucun recul de savoir quel est le bilan carbone d’une telle production et même si elle était commercialisée, dans le futur, ce serait sous forme de barquette en plastique (sûrement) et à très grande échelle, donc on ne ferait que de déplacer le problème… Nous avons tout ce qu’il faut dans la nature, encore faut-il se donner la peine et le temps de (re)découvrir toutes les richesses qu’elle offre, même localement.

    Efi

  9. Bonjour, merci pour cet article qui me parle bien, étant dans une démarche zéro déchet. Pour ma part, je serais plutôt favorable à moins manger de viande, mais de meilleure qualité, que de dépenser de l’énergie à en fabriquer de synthèse. À ce jour, on a aucun recul de savoir quel est le bilan carbone d’une telle production et même si elle était commercialisée, dans le futur, ce serait sous forme de barquette en plastique (sûrement) et à très grande échelle, donc on ne ferait que de déplacer le problème… Nous avons tout ce qu’il faut dans la nature, encore faut-il se donner la peine et le temps de (re)découvrir toutes les richesses qu’elle offre, même localement.

    Efi

    1. Oui tout à fait je suis d’accord avec toi :). Ce genre de sujet fait toujours débat mais penser consommation raisonnée, de qualité, locale et en diminuant nos déchets est pour moi la meilleur solution.

  10. Ah très bon article, qui fait réagir. La viande cellulaire c’est vraiment une manière de prendre le problème à l’envers non? pour faire polémique, je dirai que le vrai problème c’est de vouloir nourrir 7 milliards de personnes avec de la viande, avec un coût environnemental insoutenable. Développons les protéines végétales…et les bouillons cube si on veut vraiment le goût ;-)!

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